Gloire à ceux qui nous torturent
de vous à moi
la vérité jurez-moi de ne pas me croire nous attendons
qu’une roue fissure des chairs non comestibles ou qu’un œil s’éteigne pour avoir été témoin nul carnassier ne viendra repriser les césariennes on torture
apothéose artifice de pogroms
feu de squelettes
gloire gloire
la face paisible du bourreau la main douce qui charcute et l’univers coule
son petit train-train de morales encore encore le doux nectar du mal la vivifiante souffrance écumoire de diaphragmes
bille de bulbes gloire
ô le noble regard du coupeur de têtes le fond musical des pilules de cyanure ô l’effluve de ce vitriol nous attendons cadavres ou fossiles et la fête macabre monte une ordalie sans prévenir l’on torture
et l’on tenaille ce qui bat et l’on pilonne ce qui puise et l’on sectionne ce qui ligature
crimes sur table
gloire gloire
nous sommes le peuple élu
érigé
sur les pointes de fatalité pour nous les lendemains qui chantent les fleuves de miel
et de lait le sacrifice frères
le sacrifice exil dans le sacrifice ô l’apothéose des gorges prêtes
au sacrifice l’héritage
le sadisme d’Abraham l’héritage
la foi terrassée par les miracles l’abondance spontanée du désert miracle
nous ne souffrons pas ô l’arcade pure du tueur à gages le chatouillis des électrodes et le bistouri nettoyant les vertèbres encore
encore respirer tous les gaz
gloutonnement
avaler des grenades
gloire
au peloton d’exécution
embrasser l’envers
et l’endroit du doigt mûr
qui caresse
la gâchette
qui nous tue
la fonte étincelle mort-né échappé au scalp
de l’ordre je ne voulais pas être de ce théâtre non marionnette
je ne voulais pas qu’on m’exécute comiquement
sur les gradins mais rester valve
algue corps battant de respiration élémentaire diastole
rester pharynx
sans une possibilité pour la plus forte vie être de cette nuit
que ne démantèle pas le jour de ce levain
non de cette pâte
être enfin de ces tubercules vénéneux de racines
refus net
cette soi-disant complication d’organismes parlants
je refuse
cette procréation d’automates vous avez
dépeuplé le langage et le monde vous avez dépeuplé
la vie désappris le pardon de toute roche
masse
solidifiée de masse en masse
confrontation l’air vicié des cases
les jardins surélevés
on meurt encore
de faim
je ne parle pas
de la guerre
de la recolonisation du tiers-monde
des greffes qui ne prennent pas c’est moi seul que je congratule de ces
tortures comme une outre qu’on bat
dans ma chair
le poème
je réponds à la violence
par la violence je ne contrôle pas les impulsions de mon poing patience
toutes ces vies m’appartiennent je parlerai de tout avant qu’une main payée
ne vienne me poignarder dans le dos patience je vais parler
des morts qui m’ont devancé ceux que je fréquente
et ceux à venir tout sera dit je vous en fais serment
ces chiens ont sali notre mémoire qui voudra de cette histoire où des rats visqueux ont trotté abolir pour commencer ensuite la récidive les textes formels
on ne nous la fera pas le napalm coince la mitraillette la sarbacane par-derrière
la lune pour bientôt
les îles
les steppes et basculer le tas
dans un désert de salines quelques martiens viendront achever les rescapés
laideurs laideurs
dans la rigueur des jours-termes
je ne vois que des assassins
cette fraternité assassine
qui boucle l’arc
la cible propulsée
dedans le crime salut barbarie des grandes famines salut silex tribal salut jungle de crudité quelque chose en moi se réveille encore une fois le miracle du corps je commence par nier ma main se dresse
se casse
et se retourne prend le sexe
froidement l’étalé