Histoire des sept crucifiés de l’espoir
Gongs d’annonce
tambours témoins la forêt s’est tue pour écouter le bruissement de sept rigoles de sang Le fleuve coule et chuinte dans le brouillard
Que s’est-il passé
et quel vent de meurtre
criblé de haine et de vengeance
a soufflé sur la ville
Pourquoi la nuit était-elle irrespirable
le sommeil lacéré de cauchemars
Pourquoi le pain crissait-il sous la dent
l’eau avait-elle cet arrière-goût de charogne
D’où venait ce râle de sirène détraquée
qui affola toutes les bêtes
et ne s’éteignit qu’avec les premiers rayons du soleil ?
Gongs d’annonce
tambours témoins ce n’est que maintenant que nous déchiffrons vos lamentations que nous recollons les bribes de cette histoire que vous battiez sauvagement désespérément
dans le crépuscule des commencements et lorsque nous comprîmes enfin gongs d’annonce
tambours témoins le fleuve avait déjà avalé sept rigoles de sang et repu coulait impassiblement vers la mer
Ô nuit des dupes
aube de traîtrise
vous êtes entrées dans notre histoire
comme une écharde infrangible
enracinée au centre de mémoire
Notre peuple n’oubliera pas
jamais n’oubliera
Battez
résonnez
battez tam-tams hilares mains de potences et de hachoirs caillots d’étoiles à vau-l’eau giclant de la nuque
et se perdant dans les gouttières du temps Battez
résonnez
battez gongs et cymbales tambours cannibales de Sodome et Gomorrhe narguant la justice au zénith de leurs sévices
Gongs de satrape espiègle
résonnez Que sa volonté soit faite dans cette nuit à carapace venimeuse où nous vomissons nos tripes Et vous gongs d’annonce
tambours témoins battez
résonnez
battez plus fort pour raconter l’histoire des sept crucifiés de l’espoir