Ils sont venus te chercher
Un jour
ils sont venus te chercher
toi aussi
Ils ne pouvaient pas te pardonner
d’être la compagne
du poète insoumis
d’aimer un paria
et de le soutenir de ta propre résistance
Tu connus
la nuit du bandeau
le souterrain de la Question
tu entendis ces voix
d’outre-humanité
tonitruant menaces et sarcasmes
tu sentis devant toi
ces loques d’hommes (ô si peu hommes)
que tu savais tortionnaires et assassins
tu sentis près de toi
d’autres hommes (un peu plus qu’hommes ordinaires)
striés d’électrodes et de fouet
mais le cœur intact
Voilà
il n’y a plus rien à te cacher
des multiples contrastes
du pays du soleil
Et puis
tu me revins
Tu étais un peu pâle, amaigrie
mais dans tes yeux
il y avait une grande tache incandescente
où se noyait un petit grain d’inquiétude
Et quand tu es partie
et que la nuit enleva
les couches superficielles de ma fureur
j’ai pris une lettre
pour t’écrire
et j’ai détaché du vif de ma chair
le cri le plus vigoureux de ma fraternité