La promenade
Ce matin
après une longue claustration
on m’a permis de faire la promenade
quinze minutes
dans un couloir terrain vague
jonché de débris de verre
et de boîtes de conserve rouillées
Un « fonctionnaire » gardait la grille
À l’autre bout de mon terrain de parcours
un autre
le fusil en bandoulière
Tout cela en l’honneur
d’un homme malade
épuisé par quinze jours de grève de la faim
Mais ça ne me fait plus rien
d’être regardé comme un fauve
ruminant de sombres cavales
et dont il faut se méfier du moindre geste anodin
Je sais même que ces hommes-là
veillant sur la direction de mes pas
sont peut-être compatissants
ou au minimum indifférents
question de faim et trop de misère
Il y avait un soleil à faire perdre la tête
le ciel était bleu, bleu
je ne savais plus où donner de la tête en regardant là-haut
Alors j’ai fermé les yeux
et je me suis baigné la face et les mains
dans ces troublantes noces des éléments
puis mon cœur s’est mis à battre
à son rythme naturel
celui du cours régulier de l’espoir