Le monstre du train
C’est le même train
que je prends toujours
vers une vague destination
bondé
enfumé
avec le gosse criard de service
et la maman débordée
criant encore plus fort
Avec mon obèse de voisin
qui m’écrase et respire
sa portion d’air et la mienne
Avec mon bout de fenêtre
que je protège de la main
comme un écolier sa dictée
Avec la beauté fracassante
dont l’indifférence
fait déborder le vase
Le monstre tapi dans mon regard
va bientôt opérer
Ah j’en ai trucidé ainsi
des voyageurs
réduit en esclavage des reines
détruit des villes au passage
mis le feu à des frontières
et fait la nique à leurs cerbères
Pourtant
à ma connaissance
je ne fais l’objet
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