Marasmes
reddition
simple parole d’allégeance
et la terre pâlit
tourne
la manivelle des siècles la décoction des armes tourne miné
notre globe est miné
nos voix humaines sont polluées
quand tournent tournent les équations
les racines cubiques de missiles tourne tourne
la ronde du scorpion le suicide de l’arachnide noir comme ma face
ou ce corbeau qui me veille ma face brûle
comme une coriandre sèche ma face qui ne me
ressemble plus ma face t o m b e grappe de fourmis et de crachats
ma face crie
un peuple claque des dents le cimetière se repeuple
de mains il neige sur des tombes
là quelque part
dans mon cerveau
mon corps se soulève un poème me tord
je l’éjacule le dépose sous vos lamelles vos lentilles détraquées ce n’est vaccin que je vous sers formules magiques ou vérités allègres
(Seigneur donnez-nous notre lot d’absurdités quotidiennes et préservez-nous de notre accablante liberté) je vous émascule dans vos fiertés d’époux votre culture claironnante vos babils de palier vous m’éteignez
vous me disséquez en petites cérémonies comment-ça-va-et-la-santé-c’est-le-principal vous m’assenez vos fadeurs votre horizontale familiarité vous me schématisez frères mais vous souillez à peine mon tronc j’ai des racines
un itinéraire souterrain de signes un souffle d’éléments inconnus
Sortez de mon corps
hyènes à balafres
évacuez mon sang jaune de vos biles
sortez
je vous laisse ma carapace
mon appétit et mon langage quotidiens
je m’exile parmi vous
je me tais
rentre ma colère
ma fraternité qui vous choque
mes mots qui s’usent à votre encontre gèlent sous votre regard des poèmes me guettent complotent
les charges
ma mise à mort le mot tonne
j’en suis la première victime cependant je l’extrais
le propulse
vers vous
vent fort
peuple un tu explores mon histoire marche
pendu ou guillotine mais navette corps sue
marche
use marche
tais le pilori défais le langage
forme le mot reviens à moi
donne la main
serre le nombril profère tes hérésies je n’aime pas ta lune d’hommes bleus
écrase la recette cache tes doléances tes mégots d’espoir
ta risée au jour le jour
rude et mienne
bribe quotidienne tu viens de l’aube rabougrie
d’un entre-choc de siècles
et tu déclines ton nom
tu ne concernes que ma liberté
tu ne saisis que ma liberté
tu ne recoupes que ma liberté
tu ne me connais pas
mais reste
ne me plains pas
ne me plaide pas non coupable
ne trompe pas la foule
pour me blanchir
toi
tu n’as qu’un jour brumes de digues
arêtes de villes tu dois parler partir après serait facile
ils te lapideront
dis alors ce qu’un poignard peut suggérer
entre l’œil et la plaie
raconte ce sang
qui s’évapore dans ton haleine tu montes la garde ta torche
c’est le mot
qui explose dans tes artères éclate aux carrefours
aux puits
aux sources ainsi polluer
la vie stérilisée du monde
j’accuse encore
reddition
simple parole d’allégeance
et tourne tourne la noria
temps nul tourne l’arbitraire des saisons tourne vaste vent de criquets des loques
le typhus
le trachome les bâtiments se taisent quand tourne la mort
dans les ruelles
boueuses comme ma face dépossédé de cette face qu’une
taupe a nuitamment souillée ma face
multipliée dans toutes les faces qui crient
la voix du ventre
du sexe et d’une dignité blême
non écrite qui rôde dans un bombardement naïf
de frondes