œœil de talisman
meurt tout cerveau rapiécé le long des cryptes meurt
meurt logos des cités
broyée dans les rides sans le secours des mains meurt cerveau de grisaille
meurt proche la nuit où tant de chapelets
s’égrènent pour le retour de 1 aurore que disent les sphinx
quand impossible le retour eux-mêmes ont vieilli lassés de leur alliance
avec le vent
maintenant
je cherche à ma tribu
un langage qui ne soit pas un alliage viennent à mes phalanges
les cyclones d’arganiers
collier de guêpes
à ma gorge de terre
c’est mon atroce lucidité
comme un miroir
rouillé de souvenirs
où vient cogner l’Histoire
maintenant je sais de quel pouvoir je suis investi des peuples parcourent ma langue quand nuit de flammes
édifie le silence à coups de pilon
j’invente des berceuses
c’est mon atroce lucidité qui ébouriffe ma voix
au rythme des caravanes c’est mon atroce lucidité qui me taille un âge
à la dimension du désert
maintenant
j’ai besoin de dégueuler
des strates de narcotiques et fumée de fumier
mots de raison pâles comme une tisane je jette ces livres où j’ai appris l’orgueil
me voilà ici
présent là velu de nuit
hérissé de guêpes avec
cette fragrance de muscles comme une ossature de chameau
prêt à bondir sur la route
en un jappement
regardez donc si mes seins
ne bourgeonnent de maléfices mais qu’on
me laisse quelques veinules
seulement quelques nerfs
rien qu’un doigt
et je retracerai sur mon parchemin
une nouvelle cosmogonie
dans l’harmonie totale de ses éléments
entendez le choc des idiomes
dans ma bouche la soif des
naissances entendez le clapotis des sueurs
sous mes aisselles la course des
biceps poussée de ma faune intérieure
bonds de cavernes plume ensanglantée
ma tête sur chaque muraille la chevauchée
de mon souffle éjectant des planètes
dans ses éruptions
me voilà
torrentiel à mon déluge
me labourant les angles
les cratères oubliés à mon incandescence moi Atlas
zébré de soleil
à peuplades diurnes récoltant dans
mes chutes et mes gorges l’écume piaffante d’un devenir
demandez aux vautours le goût de mon venin callosité de serres
ma grille de malédictions proférateur je suis
édifiant à l’insoumission
un royaume
ne me cherchez pas dans vos archives effrayés par mes dénonciations
je ne suis pas de la nature de l’écrit cherchez-moi plutôt dans vos entrailles lorsqu’une cavale de vers
distord vos tripes cherchez-moi dans l’urine des fièvres dans le paludisme des ruelles là
dans la boue des cataractes écrasez mes noms interdits
marchez sur les sorts que j’irradie mais à mon cri cassez des cruches de miel
égorgez des taureaux noirs sur les seuils des mosquées nourrissez mille et mille mendiants alors je viendrai
vous cracher dans la bouche crever vos tumeurs
expulser vos maux ataviques encore je vous préfère
en la droiture de vos socs mes frères aux mains rugueuses mes frères au sommeil de racines
venu
jeté bas
par-dessus bord étranger à la course des planètes entre ciel et néant surgi
d’une chiquenaude
au début de la parole je n’ai pas connu la pesanteur
la mathématique des révolutions arabe
berbère
homme plus encore
avec cependant cette marque
cette voix
indéfectibles
venu de vos lendemains
fossoyeur de ruines que ne prendrai-je sur moi
les erreurs de la nuit et sans bride
résonner les heurtoirs pour que chaque seuil
me tende ses logarithmes
oui
je sommeille depuis les salines de la montagne
une oreille suspendue à la roue du temps je laisse pousser des bras
pour mûrir un réveil je ris oui je ris dans mon rêve regardez mes paupières que les caravaniers inséminent de germes et mon œil terrifiant
précis
comme un sablier