Race
c’est que nous sommes seuls vidés contrebattus au pied du Mur-murailles de lamentations véridiques nous encerclant dessus dessous Avec la marque du désastre Maintenant décriés Notre réputation vampiriste Face au monde de la Raison du Droit et des Lois tassés en paquets d’hommes-meurtrissures Dans des déserts obstrués Au bord de la dépression et du suicide
et qu’au diapason de la solitude Nos yeux s’agrandissent Vaste organe enregistrant les voix apocryphes canonisant la jungle et le scalp
nos corps Ramassis de traumatismes De greffes suppurantes
désorganisés
notre marche téléguidée Rebuts de galaxies et de tertres
Nous ne sommes pas les humains auréolés du Livre, de l’Art et de l’Esprit
nous sommes anachroniques Certes nous le sommes Mais vis-à-vis
d’un certain ordre De violence
disons qu’instinctivement nous sommes allergiques aux manuels Aux
sommes divinisant l’Intelligence
disons que nous ne suivons pas ceux qui réussissent Ceux qui savent
Ceux qui ordonnent baguette magique et robots parlent Ejectent des cités
équations Les surhommes
disons que notre peur est angoisse d’être Angoisse de mort Mort de
nous Avec notre Œil tragique
mais il nous reste la parole Exil de la parole La mémoire terrifiante
chevauchant les genèses négatives
nous nous proclamons différents
d’abord nous émergeons à peine En pleine débâcle La faillite universelle et notre errance ne fait que débuter Car voyez-vous II ne s’agit pasuniquement de pain et d’usines De travail et de loisirs II ne s’agit pas uniquement de codes et de frontières II s’agit que cesse le scandale de l’anonymat de l’enterrement de l’oppression historique de toute une race race d’atlantes je m’explique
face à faces
corps à corps ne lisez pas
écoutez
je crie
ma race monte
et d’une chair condamnée un ghetto de nattaires un avortement
ma race racé ma race de quel charnier
de quel coït avec le néant
ma race toi qui traînes dans les italiques
absente de prologue
ma race si tu passes je te maudis
et je prends tes talismans fardés te pousse dans les ruelles
asphyxie
morte au jour le jour juron de par les siècles une malédiction
ma race notre force cependant le ressort d’un muscle qui bat
la chair vive feu négatif
des nèfles les Arabes comprennent un regard et nuitamment je frappe ma race qui fut sang de croisades
jetée dans la gueule du vingtième siècle ma race paquet de prédicats dehors la faim
ma race la foule et les convulsionnaires paralysie ténia dans un bocal d’arracheur de dents
ma race et prends sur tes yeux
temps floche Histoire Basta Guernica devant Testicules haut Patatras fichtre race Le doigt dans l’œil À ras pet d’incendie La mule nous a donné des enfants de rois Ils sont beaux les précurseurs du séisme Et race à ton tour Pas aryenne pas cannibale mais entre les contraceptifs et les ruminants Charcute-moi ces sabots de sphinx La pyramide qui tue Encore marche devant la trappe Qui voudra de mes cadavres Adjugée la souricière On connaît la musique Nous verrons tous vous et moi l’absolution des taureaux Mais le langage oui le langage J’apprends à raisonner au seuil des lettres Ali et Fatima ne liront plus Bachir et ses amis La chéchia donc Les yaouled qui décrochent les prix Doués malgré tout La vieille légende de l’assimilation Nous cuvons les dépôts chose normale des piquettes « Civilisations je vous hais » Moi je dis je vous abreuve stupéfiants Pas drogues pour oublier Pas promiscuité de néon Mais baroud de la pas trop vieille guerre du Rif Je m’entends Mélange détonant Et prends sur tes oreilles Le soleil ne se lèvera plus à l’est Ton zèle bleu Agadir les sardines hommes-sardines murés fer-blanc devenus chardons-hommes-chardons libres de croupir où ça leur plaît Mais non il y a la Koutoubia les tombeaux des Mérinides les tombeaux des Saâdiens et la légende du Chellah Budget de ruines race à creuser encore à la hauteur des glandes plus loin
race
nommée dans mes syncopes
racé
ma race quelle orgie de mutilés tu te rappelles les cuites andalouses
les vasques
l’arabesque de chien tu te rappelles
Grenade
la garce 1492
les caravelles du Génois tu te rappelles
Charles Martel une uchronie impossible
ma race et la foule
la horde celle de ramadan ou fête les ablutions au bain maure l’aisselle et l’aine qu’on tond les spasmes de portails
une folle
ma race hérisse tes voiles au fond du puits gisent les cornes une balle
tes pavés et tes ruelles
tes poubelles éventrées la foule
tes fontaines publiques
tes mangeoires fauchée
embargo
zone interdite
ma race médina
douar
bidonville tu gis ma race
tu cries tes latrines
tes fosses de toiture wagon de quatrième classe
avec le bétail
ma race vendue aux enchères
entre deux couloirs
qui dit mieux
ma race
et tais-toi tais-toi tais-toi
ma race claque
gobe ton brûlis l’œil chavire des stigmates et apatride je te cogne ma race te gueule à l’Orient et à l’Occident ni ceci
ni cela mais toi
l’ultime race
qui m’assassine dans ma race
chaque millénaire et pousse
fagots de greffes
sur mon passage qui donc remue mes racines je me remémore il n’y avait pas d’eau à l’origine
mais un roulis d’ergs comme une caravane flottante de continents un tangage de dunes
il n’y avait que le tam-tam des mutations une levée de carnassiers et moi barde-crocodile
me délectant de lave il n’y avait que la présence sulfureuse du feu l’ail putride des hautes tensions les crêtes fétides de sauriens
qui m’assassine dans mon murmure d’être chaque jour
dans mon hibernation je me remémore la nuit avait obliqué
éteinte dans la spirale des flammes une glaise élastique s’entassait sur mon front des singes transhumants ricanaient
étais-je totem
menhir saharien ou cette corporelle éclaircie de la foudre
qui
qui donc m’a amputé de germes
dans cette ablation poreuse
de la nuit
alors je l’ourdis noir
seul
à salves d’encre l’innombrable complot des races déchues la septième décade du dernier soleil me verra monarque accouche donc mère
terre de rois-mendiants gicle-moi ce fluide
ce venin de pouvoir fais-moi naître
comme furoncle sur le troisième œil de mes complices
je chute
aux bas étages des minarets-poncifs m’accroche
araignée glacée aux marches des nuages verrouille tes flancs
mère gigogne de fossés ivres jalouse de ma levée tu farcis de sel
l’itinéraire de mes blessures
je l’ourdis
le tisse de plus belle ce complot des tribus aphasiques depuis le scandale de ma naissance
depuis le brigandage de ma conception je me suis assuré de tes membres despote au ventre foudroyant
arme première
ma tête pare
charge les boucliers et je l’ourdis
sur les crâniennes
les ruines d’or ce complot des races éteintes graines éventées
livrées aux sables afin que renaisse
mon sang cosmogonique
quoi
ma race fureur
j’ai clamé tes yeux pervers j’ai retracé tes cycles à rebours l’aube délétère
et tes hiéroglyphes à l’usure on dira sagesse
toute cette attente géométrique l’aventure de l’esprit
ils ont tout dit tout raconté tout démontré et toi
encore nuit
tumulte de veilleurs par mes partages progéniture insoumise te voilà rebelle
exhibant tes matrices l’insuffisance de l’exil plus de mots plus de mots
parleras-tu
l’arche des tambours
tu sors asphalte déchiré
drapeaux et banderoles la cadence dictée
jamais autant déracinée
et dans ton exil de mandragore
je refais ma perception un stylet dans mon cerveau que vos tambours m’emportent
fils de Haddaoua mon père m’a craché dans la bouche
la salive d’immunité feu noir
le fil de chanvre
l’arcade bactérie pacte frénésie
tambour talus vierges vertes vierges rouges feu noir
braises dans mon gosier le pacte qui me lie la tête que j’offre le baume qui m’offre je reste je pars bavez
gardes de mon corps l’œil se détache
j’embrasse vos pieds marchez marchez vénérables scorpions
je baise vos dards et toi maître de tous les pythons
paix sur toi
tambour
tambourin
je vérifie mon corps ma tête crécelle
ruez ruez
fils de Aïssaoua épaulez
mon ciel chavire
Dieux Diables
les trésors et les jarres ne m’échapperont plus
tambour tambourin
crotales je poursuis ton cerceau
la ruelle me dicte j’aboie
que l’on me marie avec Aïcha Qandicha dans les châteaux de sorcellerie Elle a des sabots qu’on dit
tambour tambourin
l’encens jusqu’à la suffocation de l’eau bouillante pour mes ablutions des maniguettes alors et les plus belles cantharides sortez et coupez des gourdins de santal ne m’interrompez pas je rentre dans mon sommeil des esprits me galvanisent il est temps de dire
pourquoi je dégueule le monde
ailleurs
de cette foule démente au-delà des sept mers
ailleurs
matrice incurvée au-delà de mes transes
foule
soleil lubrifiant ma parole
ailleurs
articulée au-delà d’un geste météorite qui strangule le cercle
en publics de peuples fous
saignants
l’histoire atlante de galaxies en rut
v’ià que je remonte les racines
de la cognée où je saigne
ailleurs
giclée de naphte sur l’écrit
corps
comme un séisme localisé
mains de sourciers auxquelles poussent des lance-flammes
ailleurs
nulle vie n’est possible
hormis le rapt
au-delà d’une nuit où s’entretuer
à la mauvaise étoile
ailleurs
tangue de proues
de carcasses de races de promontoires extincteurs de signes de cryptes cadenas de rêves de silences cardiaques universels ailleurs l’œil de dieux hilares garde dinosaurienne de cryptogrammes notre histoire sourdre
à l’épicentre du magma
ailleurs
mêmes dieux en cercles fous
la grève des dieux défonçant les sarcophages les armures d’or de bronze fracas de volcan éjectant en scories monstres les dieux fous fous du siècle quatorze
et du rapt nommément le soulèvement des dieux dans les artères des concentrations humaines
ailleurs
bien ailleurs
un milliard d’hommes-robots
exorcisant après la terre
le ciel et ailleurs
deux milliards d’hommes-autruches
terre-ventre ventre-terre un ciel au-dessus de l’autre la crève il ne s’agit pas de fatalismes
et terre surplombe je vous le dis l’homme parlera
son règne arrivera crinière crépue
cyclopéenne Totem Totem Totem
nouveau paganisme à ras galopade de débris
s’arme la cataracte sauf nuit d’apocalypse verra s’alourdir cerveau sur cerveau plomber cadavre sur cadavre saler tête sur tête tour de rebelles et de parias tour d’hommes elle tourne
votre putain de terre
et vous avec holà
je parle à l’archi-pluriel de la faute races désormais coïtant en pagaille qui brachycéphale
qui dolichocéphale paumes blanches
œils de verre échasses ou pygmées sur le tas des dialogues le mélange
je
cancéreux tangue bannie brisure
tangue sismographie du mythe
tangue tangue à l’archi-pluriel de la faute nudité
je vous ai vus
nombril au nombril à la queue leu leu
devant le monstre il riait de plus laide Une patte d’argile sur vos nuques L’autre aux confins de vos âmes Le monstre baisait avec sadisme En regardant passer les étoiles filantes les Jets les satellites artificiels les astronautes en tenue de sport en dehors de leurs vaisseaux Et vos yeux ne se détachaient pas de son magnétisme dégoulinant
la catastrophe la catastrophe
a deux pas de ma voix
vieux monde
vieux monstre entre toi et moi
de vieux comptes à régler la catastrophe la catastrophe
à deux pas
A’.
cancer détonant vieux monde
vieille lèpre
A’
dérapant sans fossile sans idiome la quadrature
les sept têtes du mythe sans boussole sans axe
histoire acridienne vieux monde vieille lèpre
dévalant c’est le moment c’est le mot me dresse de quadrupèdes
corps entier
force congénitale à l’archi-pluriel de la faute nommément
halte
demi-tour le monstre vous salue bien
d’avance
traquenard indélébile d’avance
échauffourée hors mémoire d’avance
main qui l’écrit l’aride vidé de ses supplices qui la racine resurgie du charnier qui météorite fascinée
l’œil risqué main
notre nuit parmi vous
d’avance
la ruée qui nous dévore mort m’apprenant
épopée du risque quitte comme le cadavre miraculeux j’ai dit
mon incompatibilité de vous j’ai dit
l’orgasme du crime et mon incompatibilité
de vous j’ai devant moi mon corps et l’armature du néant je gis sur cette pyramide du néant entre les serres de la civilisation de l’écrit
de l’acier du plomb entre les yeux je gis
paléolithique imberbe tu le savais Fanon dos à dos
chacun pour soi ce fut trop bref
la guerre
matière d’extinction on nous a eus à l’usure notre étoile se meurt
avant-avant terme
la catastrophe la catastrophe
dans vos cases
dans vos palais
un peu plus nantis
un peu plus affamés « civilisés »
carnivores à n’importe quelle échelle je vous ai vus
nombril au nombril à plat ventre
devant le monstre il s’esclaffait imitant Zeus Vous jetait graine par graine ses pavots somnifères Il bandait multi-sexes et vous violait langoureusement pendant que votre progéniture récoltait son sperme pour la fécondité abêtissante de vos femelles Et vos corps se rétrécissaient S’amenuisaient Se contractaient en varices en éclats de schiste
Nudité
ma stature le terrifiant scalpel des migrations je suis de ce silex me revient la mémoire poésie
parole donnée
d’hommes à hommes
des astres montent
dernier tribut à rendre ce n’est pas ma voix qui fera s’arrêter l’acier des conquêtes ce n’est pas ma main
juguler à peine
meule d’attardés parole c r i
ce cri de séisme seul à dévaler
public l’autre la soif de n’être que la marque du paria la soif d’enliser destin l’autre la soif de toute révolution planète
restant de sangs éparpillés
ô naïfs
de haut en bas encaissant les litanies de pleureuses en cravaches canonnades frère m’appelez-vous
et je n’ai que faire de votre fraternité de boucs émissaires De spectateurs historiques Peuples révolus Je vous nomme publics 100 publics et plus du siècle quatorze Ravaleurs Subisseurs Publics non pas peuples sur des bancs sur des bancs
ma fraternité se meut décharge scandante de toutes frontières Déracinant le mal du corps inaudible Foulée aguerrie du venin de la mamelle Libre libre Le passe-partout que je reprends à mon compte C’est une race qui refuse l’idolâtrie triomphante Le droit de dessus la ceinture Race profondément mienne Je ne la retrouve nullement dans les publics arrêtés aux vitrines et greniers des saltimbanques Culbutés dans les dépotoirs Mais dans mon corps Son roulis Par osmose millénaire Atavismes
Atlantide
que je te démythologise
te résurge éruptif du fin fond de la condamnation païenne te remerge en race parlante
en race déplaceuse tu ne tatoueras les archipels de svastikas
tu ne tueras point voix des morts
la terre s’échancre à la violence je vois je vois l’anarchie de la création un dieu légiférait
l’autre sabotait Sec l’Humide
de cette dualité la confection mortelle crever au summum de la jouissance il m’importe peu de savoir si d’autres astres sont peuplés
Ila fallu de mémoire longue que je sache la force des dieux du moment La stratégie de leur victoire II m’a fallu boire à la source de leurs sévices l’excrétion des potentats
Atlantide premier jalon Écrit Parole risqués
te suivront et sur le nouveau chaos organisé
rien plus ne germera
orjungler
au summum de la jouissance
personne n’a jamais télescopé mon corps
il m’arrivera de me pendre
il m’arrivera de vous maudire comme j’ai déjà maudit vos ancêtres
mangez mes frères et procréez
le monstre vous prodigue sa bénédiction
occident
à
bout
portant
gueule d’immondices et tire dans le tas
il restera des hommes
et re-tire sur la topographie des rideaux de fer j’ai perdu le Nord et le Sud l’anachronisme Est-Ouest déshumain
pas de la race sociale scalpé trois fois
bitumé pour rébellion d’hémorragie un corps tonitruant Occident
tison-écharde du paria remémoré balle-cible javelot putride
que je reçois de nos lâchetés vieille putain
morbide pâture et la garce orientale-nègre
te ravir
clientèle de sabbat (je me suis guéri de tes magnétismes comme de nos fatalismes)
Occident
la dernière césarienne
le dernier mot avant avant mon inénarrable
mue
a moi a moi
les lunes du creuset fonte
tympans
idiomes électrifïés monte la montagne verte et tourbillonne monte monte la marée sans arche de futur
montent mes ancêtres de plus haute branche géométrie des terrifiants va ma raison
le désert et l’enclume l’oligarchie des temples restitués par la foudre les cadastres de toute civilisation va ma main équateur
ancre d’équinoxes nomadise dans les salines
vers de plus illustres pharaons de plus colossales pyramides fracasse net les vases énigmatiques explose l’inertie
ta durée
à
bout
portant
chante chante Oum Kalthoum
pour le délire des peuples arabes
dilate ce sexe protubérance à l’étau
l’or noir sevra les Impeccables
orgueil du bâtard en liesse
orgueil le monde attente à notre puissance
orgueil du fief
orgueil rigide passant par nos têtes
nos gueules d’ultimes prophètes
nos squelettes en trop
pour le monde on nous accusera d’intolérance orgueil la chevauchée promise et reculée sérénité de l’orgueil
à bout portant et profane l’Inviolé Chante Oum Kalthoum en pleine
cybernétique Chante le Nil Les barrages spectaculaires Tes pyramides et les nôtres Les cœurs de siècles descendants L’amour fou Suspendues quaternaires Ne crains pas d’accumuler les clichés Ma gazelle aux niagaras de parfums L’oubli semant son chapelet de romances Les traces du campement et la monture L’œil monte Éclate en regards de tarentules vitreuses Abîmes tailladés en robinets de miel En tuyaux de lait sacramentel Chante un peu si ce n’est pour l’ordre funèbre ce sera pour le cortège Chante que j’écrive le Livre des morts Le testament oral des races soumises Que je désemmièvre la malédiction qui nous a frappés au sommet de la greffe Que j’ordonne à la Création une déroute exemplaire Que j’insolence la misère touffue des jungles intérieures Chante ta voix nous pourfend et nous fait rire au summum de la jouissance
« les peuples se sont arrêtés pour attester comment dans mon unicité j’édifie les bases de la gloire »
Chante le Croissant aride Chante le mur des lamentations moi je côtoie le mur de la honte Chante étoile déterreuse d’Orient tombé en panne Chante un peu que je te donne mes yeux Ton amour fétiche à l’orteil agile de l’Afrique violée en cérémonies cycliques Chante l’impossible du bras appréhendant l’outil L’impossible de la main appréhendant le corps
L’impossible orgueil de ta race défaite
Cri du rossignol des poètes imbéciles Cri de la rage clignotante d’aérolithes sarclés Cri de la tripe à l’orée des abattoirs Cri du gâchis séculaire intimant l’Arrêt
cri des concentrations boulimie de l’argent
cri des trésors miraculés suspendus aux sorciers
cri charlatanerie docte à la suite du pouvoir
cri salué des flancs du génocide
cri médiéval lumière des époques obscures
cri je patine sur les rails du chaos
cri le vent s’arrêtera changé criquets à la gesticulation
cri tassé à la lie de la mémoire devenue organe
cri de Continent le tam-tam nous couvre des voix
cri gosier tu ne contiens que la plus dérisoire de mes détonations
cri je suis plus qu’homme quelque chose quelqu’un en tragique expansion
cri coulée mienne incandescente
cri je noierai cette planète d’une poésie asphyxiante
marteau-piqueur gaz bruts que je réserve
cri je sais parler mais pas aux puissants
cri objecteur
cri la trahison de l’ami du déporte-parole
cri les dégueulades tournées du marasme
cri la bile renvoyée en quadrilatères hissés
cri prostitution du musicien singe à se tordre
cri la morgue philosophale criticaillante
nous enterrant en notre nom vivants
cri qu’on foute la paix aux salauds que nous sommes
cri Assez
impudique chanteuse Vieille hétaïre Nous scalpant dans le sang fébrile Nous embobinant Nous lâchant fétu et paille à la fraternité du délire sensitif D’un lyrisme que nous pétons mutations de toutes facultés Nous tapant sur les cuisses et les dos mutuels Ronronnant l’imbécile refrain de la fraternité d’exclusion Chante Oum Kalthoum ta voix nous pourfend et nous fait rire au summum de la jouissance
fossile Carnivore Sœur du mammouth surpris Mais incalculable force
Maghreb ! Maghreb ! doigts ségrégés de la main enfouie stature de sphinx travesti Maghreb aux mains trouées
elle est parvenue l’échéance de la grande mue Décarcassement collectif Décalcarisation cervelles Transfusion sangs ocre Le contrôle des organes Pronostic des vieilles bases pourries Craque citadelle d’hommes pensants Comptes vieux et frais à régler Dévoiler démasquer démaquiller Craque et flanche La diarrhée pète à l’anus du monde À bout portant publics et tyrans Sénilité bravades Le chapiteau des sourds-muets Le tribunal des éclopés Gangs à cigares-havane-chèques-rançons kilométriques Gangs à gages Gangs l’affiche le tract coup de massue et réfléchis dans ton coin Gangs historiques Trophées pour les musées ô gangs inséminant la ruse ancestralement tendue pour la congélation de l’espèce Gangs d’une science dévalant ses hachoirs Serres plus inhumaines que le cri barbare Vieux monde ruminant Arrosant de sucs mortels nos gueules de prophètes à la trappe de la baleine famélique Vieux monde et notre prétendue jeunesse en hémorragie dense
Assez
je vis
me voici dans toutes mes chaudières érectant de toutes glandes mes orifices pressés je descends à mes enfers
mes souterrains de phalènes dicte et redicte ainsi je me redécouvre
au tréfonds de l’embryon égal à ma stature
œuf d’infinis million de possibilités
gestation de peuples
de continents humanité frétillante
et voix mutant
j’échappe
je survis
personne ne m’a intimé l’ordre de ce scalp c’est moi
séparé
pour reprendre dans un climat ardent de genèse protohumaine lors d’espaces inabordables mais de cette terre étroite
surplombe de ce délire des sables mouvants en retraite de la germination païenne
langage futur Terre Terre
l’écheveau phallique de mes racines la grappe vénéneuse
syntaxe de ma lymphe racines mutantes d’hommes
je déflore ce corps inouï qui remerge lui inculque une respiration
le meus à l’image d’une création juste et violente nommément
genèse par le cri
biologie sidérale corps mien
qui va vivre
se répandre se défendre inaltérable
en sa première geste
Rabat, 1965-1967