Adjuge
C’est au café du
Bassin .
à cent pas de chez moi
que je tiens les propos sévères
d’une inhumaine vérité
que j’écris des poèmes criés
sur une table d’infortune
c’est là que je fuis mes fantômes
que je retarde
jusqu’au plus profond de la nuit
le dramatique cri
de ma clé introduite
dans la serrure de la maison qui pleure
Souvent ce sont les éléphants
qui veulent bien communiquer
à mes oreilles attentives
les grands secrets de la savane
ce sont les braves éléphants
à la bonne et fidèle mémoire
ils adorent les anecdotes
ils viennent tout me raconter
et le secret des autres bêtes
et celui des sorciers velus
et celui de la négresse nue
qui s’est dressée sous l’Equateur
criant la nuit dans l’énorme silence :
je suis la femme que les dieux en devenir
ont pénétrée de leur sexe géant
pour que ton cœur soit dans mon cœur
pour que tout s’accomplisse dans la douleur
30 décembre 1961.