Au jour la vie
Antan qui veut dire jadis
est un piège de seins fanés
voyageur nain dans le wagon géant
entends tourner le long disque des roues
sur l’aiguille du rail
Danse chante pense ou pleure
au rythme de la matière
selon ta nocturne et profonde nature
et tu verras bientôt dans le disque lunaire
plus belle que
Phryné
une femme faisant l’amour
avec le grand aventurier de marbre noir
Sur la hampe de la mort
il y a un calice d’or où boit l’hirondelle de sel
Le temps est
Temps
Le grand rideau de la mémoire
s’est déchiré
dans le temple du
Seul
Le ver est dans le fruit
le fruit est dans le ventre
le ventre est dans le corps
le corps est dans le temps
le temps est dans l’horloge
l’horloge est dans l’attente
l’attente est une pincée de tapioca
L’univers est un poing fermé
qui laisse couler du sable
dans un gant de cristal
L’univers est un bouchon de liège sur un litre de néant
Sur le tillac du cargo fantôme
un gentleman en habit noir
conduit une brouette de réverbères
Vieillir
devenir vieux
se sentir incapable
de signer
le moindre crime passionnel
Sous un ciel pavé de mauvaises intentions
lorsque tu la pousses du pied
dans l’abîme
reconnais que la terre est ronde
pour
Louis
Van de
Spiegele
Convenons du signal de la révolution :
une femme nue
sélective
tachée de lumière et de sang
tombant
en parachute rouge
sur la place de la républiqu
Un spacieux tombeau d*ardoise
où
pour tuer l’éternité
le mort
enraciné dans l’esprit de révolte
écrirait à la craie le récit de ses démêlés avec
Dieu
Dans le mauve violacé
pour qui s’éveille dans son ombre
il y a des dentelles de sexe bleu
un viol inscrit dans un labyrinthe fatal
Couleur ô couleur couverte de
blessures tu saignes silencieuse
et des âmes désespérées s’écoulent de tes plaies
tordant en moi leur longue chevelure
O couleur je t’aime et je te bois je
bois ton sang de lumière panique éclairant
ma mémoire d’abîme qui est
source métaphysique de la nuit