Ecorces du temps 1947
On discute de coups
d’état de jeunes reines profanées
de sphynx soumis à la question
d’inquiétantes razzias nocturnes
On parle d’ecorcher le temps pour effacer ses tatouages
Se dresse l’inventaire
des espèces charnelles
La mémoire de sang réinvente l’amour
dans la nuit du destin au delta de dentell
La bagarre c’est la bagarre donneurs de sang
buveurs de sang
regardez-vous
embrassez-vous
enivrez-vous
de ces liqueurs délictueuses
qui démentent tous les proverbes
tombant en juste pourriture
au gibet de la liberté
C’est en passant qu’on devient passager
vieil atout déchiré
splcndide
schismatique d’humour
à flanc d’abîme
Mémoire aux ailes de mouette
sur la houle de mes désirs vorace
comme un oiseau des mers à la pêche des souvenirs
élève-toi dans le haut ciel pacifié
de la douleur que m’éclairent les traits
de celle qui fut la reine de mon cœur
élève-toi dans le haut ciel pacifié
de la douleur que m’éclairent les
traits de celle qui fut la reine de mon cœur
En citadelle de chair neuve
en drapeau d’ailes morganatiques
en épée d’insecte violet
un grand amour éventrant l’horizon
dans la mémoire ensevelie
au fond d’un gouffre de latence
sous la valise d’un hibou
pleine de clous et de cailloux
Taillable et corvéable à merci
est la dure échine du temps
du temps perdu
éventré
retrouvé
tandis que l’herbe croît dans l’oreille
des pierres
que s’effilochent les pontificats
que le charme
une fois de plus
vient d’un oiseau secret
qui s’évade de l’anthropomorphe
Sous le grand étendard couleur de vie
une femme aux seins publics
mille fois enceinte
mille fois mère
mille fois pure et délivrée
sur la brèche de l’avenir
sur la neige de notre amour
fait les signaux de confiance
Ecril de
Mars 1942 à
Décembre 1943