Juste ciel
à
Freddy
Plongin et
Max
Michotte
II s’agissait d’une clepsydre gigantesque
d’une clepsydre magique
qui sans fatigue aucune
mesurait cent mille ans d’histoire humaine
Il s’agissait d’une clepsydre unique
dont chaque goutte d’eau était conscience
souffrance était
était voyance
dont chaque larme alimentaire était
mille litres de sang humain coagulé
sans parler de celui des oiseaux
des poissons et des mammifères
Il s’agissait d’une clepsydre métaphorique
d’une incroyable soif
que de mon cœur infatigable noria
que de mes mains pensives
manipulant les astres et des désastres
j’avais construite solitaire et puissant
dans l’empire de mon
Sahara
dans l’Atlantide redécouverte
de mes planètes d’horoscope
Il s’agissait d’une clepsydre à l’échelon sacré
que d’une seule pensée accréditée
que d’un seul geste ayant tranché sa main
je pouvais transformer au gré de ma conscience
en fusée métaphysique
à ogive inconditionnelle
susceptible de percer
le misérable rideau mité
de la science du bien et du mal
Et à l’exemple de
Benjamin
Peret le pur
je fis le geste nécessaire
et je pus voir se détachant du ciel
tomber sur la plaine immense du silence
semblable à une fine pluie d’automne
pour la fertilité du grand désert
le cadavre de
Dieu redevenu poussière
29 mai 1963