L’agenda d’émeraude
à
Edmond
Kinds
Rongé par des insectes singuliers
qui s’en étaient venus
comme de l’au-delà
j’allais sans un effort légèrement
mourir dans le calice d’une rose
à
Michel
Focke
L’anachorète qui mangeait
les rayons de la lune était
maigre comme le clou où nous
avions pendu notre veston de contingences
à
Marcel
Parfondry
Du côté de
Tibériade
si je l’avais connu
j’aurais fait le treizième apôtre
dérobant une orange au jardin de
Judée
à
Achille
Bêchet
L’oiseau me regardant de par ma main ouvrit sa cage
Il m’avait dit dans un murmure
tu es le seul complice à portée de mes ailes
J’ai mesuré l’éternité
par le temps même dont il usa
à se perdre dans le feuillage
6 avril 1957
à
Pierre
Alechinsky
Les aphorismes étaient plus nus
que couteaux d’or
tranchant le pain de notre vie
6 mai 1957
à
Jane
Graverol
Un oiseau bleu a dégrafe le corsage de la bien-aimée
11 a donné un léger coup de bec sur chacun de ses seins
J’ai posé mon plus ancien baiser sur les blessures minuscules
19 juillet 1957
à moi-même
Je finirai par faire acte d’amour
avec n’importe quoi
avec des arbres des cactus ou des oiseaux
j’aurai perdu toute inquiétude
et je serai livré à l’univers
à ses espaces paumes ouvertes
comme si j’étais une hirondelle
ou le sexe du vent d’automne
Je serai un graffito d’enfant perdu
sur un vieux mur dans le campo d’Albacété
25 novembre 1957