L’enseignement libre
à
Albert
Ludé
ÊTRE
BON
Un éléphant se baladait dans ma cuisine
je lui ai dit très gentiment
tu n’es pas ici chez un marchand
de porcelaine
tu es chez le poète
apprends à te conduire
et il disparut avec délicatesse sagement.
Un éléphant blanc cette fois
chose rare
se baladait dans le corridor
et je lui dis
tu n’es pas chez un énergumène
et voilà qu’il me répond pardon monsieur le poète pardon
J’aurais pu croire
que j’en avais terminé avec les éléphants
et je vais dans ma chambre à coucher
Par principe
je regarde en dessous de mon lit
vous savez bien ce que parler veut dire
j’y trouve encore un éléphant
Je ne me suis pas fâché
je n’ai pas cru à une farce
je lui ai dit
viens dans mon lit mon vieux
viens dormir avec moi
à chaque jour suffit sa peine
je t’accorde le bénéfice du droit d’asile
et je me suis endormi
paisiblement
à
Albert
Ludé
Du temps que j’étais une petite chenille j’allais à l’école à l’université
Sur mon ardoise de complexes
j’écrivais de mauvais poèmes
d’amour et de philanthropie
J’attendais patiemment le moment
où je serais un jour
le papillon de l’invisible
janvier 1957.