Persistance
Je fus je reste un alibi déchiré
un abîme déchirant
aux trous accessoires de voyance logique
aux hymnes qui absorbent quand on monte
qui dévorent quand on descend
je fus je reste je suis toujours
une corde de la harpe gigantesque
au sexe de pierre philosophale
sécrétant la perle
LIBERTÉ
toujours sainement orgueilleux
comme il convient de l’être
quand on a vécu vaincu l’enfer des hommes
qui n’ont qu’une âme désaffectée
qu’un purgatoire différentiel
qu’un paradis de perdition
Toi mon démon qui me protèges
sauve-moi de la vie et de la mort faciles
aux serments regrettables
sauve l’homme tout court
que notre siècle n’a pas inventé mais recueilli
l’homme précieux aux miracles très simples
à portée des lèvres
l’homme aux leviers de certitude rouge
de racines méticuleuses
de promesses harassantes
l’homme aux matériaux d’éternité concrète
modelant de sa griffe royale
de ses pouces de sculpture
les si bonnes choses évidentes
l’abondance universelle
les bonnes rasades collectives
les beuveries d’étoiles sous le gel
sauve l’homme tout court
qui a des yeux qui a des mains
des oreilles multiples invendables
qui poussent dans les champs de la nuit flagellée
de la nuit crucifiée
sur notre corps de colère
sur notre corps de misère
sur notre corps de lumière
notre corps déchiré écorché de mystère