Sommeil
Je dors depuis toujours dans les mêmes poumons
de vieux silence chromatique
où s’engouffre la respiration des astres
je dors depuis toujours dans la même nuit d’hérédité
dans le grand lit de mère en fils
dans cette alcôve aux serrures de pain bleu
aux lourds tapis de loutres volontaires
Je dors depuis toujours dans le même rêve malléable
qui emprisonne la lumière
dans ses perles de sang magique
je dors les yeux ouverts
le corps ouvert
espoir et désespoir confondus
et le désir comme une épée au poing
et le visage défiguré
toujours plus semblable à moi-même
de moins en moins reconnaissable
plus atrocement beau
de tout ce qui corrode et qui est éternel