Terre plastique
Terre de nage rouge au sang de vent
prime au crime de pair avec hélas
tournante de soleil et les bergers
boivent les neiges éternelles
fondues aux hanches des montagnes
Trois fois rien pour la plaine exsangue
aux ventouses de candélabres
et les rochers camoufleurs
jettent des pierres de silence
Et moi qui n’ai jamais dit adieu à personne
apprenez que je suis aussi en vous
Celle que je ne reverrai plus jamais est en moi
je ne lui ai pas dit adieu
pour notre dernier regard embué de pleurs
nous avions compris tous les deux
Je verrai toujours son dernier regard
dans l’éternité des hommes
dans l’éternité des mères
Elle a vécu vieille pour moi qui étais son enfant
voilà maintenant que je suis parti loin d’elle
et en elle est morte la vie
Ici voilà son image de sainte dans mon souvenir
Quand je retournerai dans son pays notre pays
j’irai lui dire voilà maman
je suis revenu je suis toujours votre enfant
votre enfant fidèle
qui jamais ne dit adieu à personne
25 mai 1937