Tronçons à jean scutenaire
Jeunesse
accumulatrice en toi des cycles de vengeance
pour les partitions de l’histoire
jeunesse aux épaules de fleuve en herbe
aux mains de papier vierge
aux cyclones de pitié rédemptrice et d’amour
aux barricades de hasard
aux cristaux de monogamie
aux désirs obscurs et sains et durs
de violence paradoxale
jeunesse d’idées blanches de baisers d’Equateur
de statue de la statue et de sa négation
de la statue qui est tienne qui est nôtre et qui se perd
dans l’ensablement des civilisations
dans les sables des grèves et des îles désertes
où toujours tu fais l’amour
à ta façon lucide
à ta manière hautaine impitoyable
qui te dévore hélas
comme un serment prêté
au dieu secret de la dialectique
Jeunesse
tu es le sein et l’aile et l’époque
tu es le souffle et l’antre des saisons
tu es la captation des parfums interdits
tu es le vin de l’homme qui consent à mourir
à condition de trouver dieu
de le combattre de le vaincre
d’être identique à lui plus qu’un enfant de mage
Jeunesse aux pieds de cartouche allumée
sur le tonneau de dynamite
sous l’oreiller de la conjuration
dans la cave inoubliable des punitions injustes
aux yeux clos de malheur
d’un malheur qui vibre comme une lyre
Ô jeunesse qui restes le miracle dont je vis
qui restes l’empreinte aux baisers de panthère
dont je garde les stigmates de griffes et de jungle
impératrice des mauvais lieux
tu ne mendies pas la solitude aux narines de peur divine
lu ne mendies pas les caresses d’une mère
d’une sœur ou d’un frère qui te maudissent secrètement
tu respires aisément dans tous les drames
dans le roman épique du bien et du mal
qui de nuit en jour se hérissent de pointes aiguës
de dévorantes morsures de flagellation
de torturantes confessions publiques
de lyriques objurgations secrètes
parfois livrées aux fauves que tu portes en toi
parfois livrées aux grands vents de bonté
jeunesse clandestine et sadique
aux livres de terres ingrates et de monstres
aux cimes de lévitation
aux massacres inévitables
larges ouverts à tes hôpitaux de marbre
jeunesse déchirée d’hérésie et de schisme
d’apostolat d’excommunication
de sobriquets de ruisseaux de miracles
à venger les martyrs à créer le miracle
dans les arènes de
Rome d’Occident et d’ailleurs
intouchable jeunesse
présent je te défendrai toujours
sur les barricades de cœurs que dressent les destins
jeunesse aux serments de lait de mère
aux seins de laine de nids d’oiseaux
aux palais de poissons et de feuilles
aux cariatides de sexe de triade et d’atome
aux blessures de sphynx succombant à ses propres
[questions aux écarlates blessures de méthode et de gouffre
jeunesse aux couronnes d’aventure
aux sarcasmes d’initiations et de dégoûts voraces
aux caducées d’ivrognerie et de vertu éternelle jeunesse inviolable et pure
20 août 1940