Vivre
Forcément on avance j’avance
drôle ou pas drôle c’est la vie
le mégot de la vie précieuse
à brûler avarement ses lèvres
de sale vie précieuse comme un sein
comme du vin dans un sein
comme une tirade de nain
éternel attouchement de plaies
sur le corps de la bien-aimée
Forcément on avance j’avance
avec ou sans regrets
avec ou sans étoiles
avec ou sans coups de chapeaux
pour crier malgré tout présence
quand le feu se brûle les ongles
quand la nuit s’ouvre pour être nuit
quand le temps crache ses poumons
dans des colères de forçat
quand il faut enfin que l’on arrive à temps
pour témoigner contre les dieux
contre la loi contre les grands
contre soi-même
contre la mendiante nature humaine
qu’il faut pourtant aimer comme le mal
en dialecticien du devenir