Propos des morts
Je suis l’oublié dans les carrières sous la sourde falaise
Les clous de la fumée mangent à même mes artères À peine si je dors et me réveille
L’horizon m’a dépassé
et s ‘est dénoué entre
Dieu et moi
Toutes mes certitudes ont volé en éclats
Qu’est le grondement des vagues ?
Que sont les fleuves ?
Qu*est l’éternité qui s’éloigne
la permanence qui rudoie ?
Que veut dire que je me radoucisse
tende la main
et choisisse ?
Que je rallonge dans un rêve
ou me rétracte dans un souvenir ?
Je suis l’oublié
Les aboiements de la nuit veillent à ma porte
Des ombres diaboliques dansent
à la vague lueur des étoiles
L’ombre des ailes des faucons s’étend
Des algues s’assoupissent
sur le tapis du lac
Des nuages d’euphorie
transis de mort
passent sur mes yeux
Ma main gratte le sable
Dans la pénombre, je tresse une corde
Peut-être en ferais-je sept nattes
pour mes nièces
ou serais-je repris par le doute
si j’entendais l’appel à la prière de l’aube
Ô mes aimés
voici une éternité que les ponts
ne se sont pas tendus entre nous
Plus de chevaux qui s’élancent
plus de vent qui se pavane
La rouille
a condamné les poignards au fourreau
Je resterai ici
au pied du mur
ombre qu’enveloppe le flux
et déploie le grondement des vagues
Malheur !
Toutes mes certitudes ont volé en éclats
Qu’est le grondement des vagues ?
Que sont les fleuves ?
Je suis l’oublié dans les carrières