Aux îles de tous vents

Aimé Césaire
par Aimé Césaire
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des terres qui sautent très haut

pas assez cependant pour que leurs pieds ne restent pris au pécule de la mer mugissant son assaut de faces irrémédiables

faim de l’homme entendu des moustiques et soif car ce sont pains allongés pour un festin d’oiseaux sable à contre-espoir sauvé ou des bras recourbés pour recueillir au sein tout ce qui s’allonge de chaleur hors saison

O justice midi de la raison trop lente il n’importe que sans nom à la torche résineuse des langues elles ne sachent que leur offrande terreuse en ce chant de trop loin téméraire s’accomplit

le matin dans l’insu de ma voix dévoilera l’oiseau que tout pourtant elle porte et
Midi pourquoi elle resta incrustée du sang de ma gorge haletante

des îles de toutes tu diras que selon le cœur comparse d’oiseaux vertigineux

longtemps longtemps cherchant entre les draps du sable

la blessure au carrefour convoité de la mer affouillante

tu trouvas à travers le hoquet

le noyau de l’insulte inclus en l’acre sang

qu’exultant enfin de l’aumaiïle blessée des étoiles

surchauffée à nos souffles fiévreux et conteste

d’un sanglot plus riche que les barres nous sûmes

criant terre cramponnés au plus glissant de la paroi

de l’être

toujours bien disant comme l’on meurt

la noire tête charnelle et crépue du soleil

Aimé Césaire

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