Bucolique

Aimé Césaire
par Aimé Césaire
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Alors tout doucement la terre se pousse une crinière, vire en manœuvrant sa tête bien huilée de poulpe, roule dans sa cervelle une idée très visible à l’endroit des circonvolutions, puis se précipite à toute allure, emportant en un vol ténébreux de roches et de météores, la rivière, les chevaux, les cavaliers et les maisons.

Et cependant que l’argent des coffres noircit, que l’eau des piscines se gonfle, que les pierres tombales sont descellées, que la bucolique installe au creux une mer de boue qui indolemment fume le meilleur macouba du siècle, de gigantesques lumières fusent au loin et regardent, sous leurs casques de noir champignon, une colline, bon berger roux, qui d’un bambou phosphorescent pousse à la mer un haut troupeau de temples frissonnants et de villes.

Aimé Césaire

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