Chanson de l’hippocampe
petit cheval hors du temps enfui
bravant les lès du vent et la vague et le sable turbulent
petit cheval
dos cambré que salpêtre le vent tête basse vers le cri des juments petit cheval sans nageoire
sans mémoire débris de fin de course et sédition de continents fier petit cheval têtu d’amours supputées mal arrachés au sifflement des mares
un jour rétif
nous t’enfourcherons
et tu galoperas petit cheval
sans peur
vrai dans le vent le sel et le varech
l’incapacité d’un dire ou de très réels chevaux
hennissant
fatras d’écoute
fatras de houles de criques d’herbes froissées
leur odeur seule transmission sûre de la vomissure
appels déchiquetés de conques sans appel odeurs odeurs sueurs et
lueurs poussière de rites de mythes – mémoire mangée aux mites -fou farfouillement de sources parmi le bric-à-brac de terres qui s’éboulent aux paysages-mirages
virage à l’habitude et narquois le grand air silencieux de la déchirure