De forlonge
Les maisons de par ici au bas des montagnes
ne sont pas aussi bien rangées que des godillots
les arbres sont des explosions dont la dernière étincelle
vient écumer sur mes mains qui tremblent un peu
désormais je porte en moi
la gaine arrachée d’un long palmier
comme serait le jour sans ton souvenir
la soie grège des cuscutes
qui au piège prennent le dos du site
de la manière très complète du désespoir
des ceibas monstrueux seuls auxquels
dès maintenant je ressemblerais dépouillé des feuilles
de mon amour
je divague entre houle et javelles que fait tumultueuse
la parole des albizzias
il y a en face de moi un paysan extraordinaire
ce que chante le paysan c’est une histoire
de coupeur de cannes
han le coupeur de cannes
saisit la dame à grands cheveux
en trois morceaux la coupe
ah le coupeur de cannes
la vierge point n’enterre
la coupe en morceaux
les jette derrière ah
le coupeur de cannes
chante le paysan et vers un soir de coutelas s’avance
sans colère
les cheveux décoiffés de la dame aux grands cheveux
font des ruisseaux de lumière
ainsi chante le paysan
Il y a des tas de choses dont je ne sais pas le nom
et que je voudrais te dire
au ciel ta chevelure qui se retire solennellement
des pluies comme on n’en voit jamais plus des noix
des feux
Saint-Elme
des soleils lamés des nuits murmurées
des cathédrales aussi
qui sont des carcasses de grands chevaux rongés
que la mer a crachés de très loin
mais que les gens continuent d’adorer
des tas de choses oubliées
des tas de choses rêvées
tandis que nous deux
Lointaine-ma-distraite
nous deux
dans le paysage nous entrons jamais fané
plus forts que cent mille ruts