Dérisoire
lettre à une amie lointaine
Je ne suis pas cloué sur le plus absurde des rochers
Aucune prouesse ailée ne me visita jamais
De l’abîme aucun chœur ne monte vers moi
Si ce n’est parfois le hoquet d’une cargaison de naufragés
Inutile de préciser
Que je n’ai cure d’un état civil établi
à l’évidence par pure nostalgie
Je ne suis balafré d’aucun bec complaisant
Menacé d’aucune vengeance sérieuse
pour le reste
Les difficultés de la rétrovision
se compensant fort bien par l’élargissement de la vision
Je ne broute pas la panique
Je ne rumine pas le remords
Tout juste je picore parmi l’ordinaire saison
Guettant le temps d’un bref éclair
(le temps dit mort)
le sillage d’un acquiescement perdu
ou si l’on veut d’un ordre
PS:
Mais si toute sève s’est abolie
Si le courant se refuse
Si défaille l’alizé
Si même pollen et sable ne m’arrivent
natal
Si de moi-même à moi-même
l’inutile piste s’effraye et se poursuit
Que mon seul silence me livre
D’un coup dans le creux du gésir
La jubilation mal déchiffrée d’un
magma solitaire
Cavalier du temps et de l’écume