Intimité marine

Aimé Césaire
par Aimé Césaire
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Tu n’es pas un toit.
Tu ne supportes pas de couvreurs.

Tu n’es pas une tombe.

Tu ignores tout silo dont tu n’éclates le ventre.

Tu n’es pas une paix.

Ta meule sans cesse aiguise juste un courroux suprême de couteaux et de coraux.

D’ailleurs en un certain sens tu n’es pas autre que l’élan sauvage de mon sang qu’il m’est donné de voir et qui vient de très loin lorsque le rire silencieux du men-fenil s’avance en clapotant du fond funèbre de la gorge de l’horizon.

Et voilà qu’en cou de cheval en colère je me vois, en grand serpent.

Je m’enroule je me déroule je bondis.
Je suis un vrai coursier déplié vers une éclatante morsure.

Je ne tombe pas.

Je frappe, je brise, toute porte je brise et hennissant, absolu, cervelle, justice, enfance je me brise.
Climat climats connaissance du cri, ta dispersion au moins s’épanouirait-elle et au-delà de toute épouvante ?

Cependant telle une chevelure l’âpre vin de fort
Kino monte l’escarpement des falaises très fort jusqu’à la torpeur tordue des coccolobes.

Aimé Césaire

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