Naissances

Aimé Césaire
par Aimé Césaire
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Rompue.

Eau stagnante de ma face

sur nos naissances enfin rompues.

C’est entendu,

dans les stagnantes eaux de ma face,

seul,

distant,

nocturne,

jamais,

jamais,

je n’aurai été absent.

Les serpents ?

les serpents, nous les chasserons

Les monstres ?

Les monstres – nous mordant

les remords de tous les jours

où nous ne nous complûmes – baisseront le souffle,

nous flairant.

Tout le sang répandu

nous le lécherons,

en épeautres nous en croîtrons,

de rêves plus exacts,

de pensées moins rameuses.

Ne soufflez pas les poussières,

l’anti-venin en rosace terrible équilibrera l’antique venin;

ne soufflez pas les poussières ;

tout sera rythme visible,

et que reprendrions-nous ?

pas même notre secret.

Ne soufflez pas les poussières

Une folle passion toujours roide étant ce par quoi tout

sera étendu,

ce seront plus que tout escarboucles émerveillables

pas moins que l’arbre émerveillé

arbre non arbre

hier renversé

et vois,

les laboureurs célestes sont fiers d’avoir changé

ô laboureurs labourants

en terre il est replanté

le ciel pousse

il contre-pousse

arbre non arbre

bel arbre immense

le jour dessus se

pose oiseau effarouché

Aimé Césaire

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