Ton portrait
je dis fleuve, corrosif
baiser d’entrailles,
fleuve, entaille, énorme étreinte
dans les moindres marais,
eau forcée forcenant aux vertelles
car avec les larmes neuves
je t’ai construite en fleuve
vénéneux
saccadé
triomphant qui vers les rives en fleur de la mer lance en balafre ma route mancenillière
Je dis fleuve
comme qui dirait patient crocodile royal
prompt à sortir du rêve
fleuve
comme anaconda royal
l’inventeur du sursaut
fleuve
jet seul comme du fond du cauchemar
les montagnes les plus
Pelées.
Fleuve
à qui tout est permis
surtout emporte mes rives
élargis-moi
à ausculter oreille le nouveau cœur corallien des marées
et que tout l’horizon de plus en plus vaste
devant moi
et à partir de ton groin s’aventure
désormais
remous
et liquide