Tournure des choses

Aimé Césaire
par Aimé Césaire
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De vrai l’agiot des oiseaux du paradis ne fane plus la rose

des vents et quand j’ouvre la cage de mes paupières

quand je dégante mes éperviers nichés et que je les lance

dans une détente de prunelles là où le pollen de la faim

accomplit sans bruit le haut miracle de la fécondation de

la fleur stérile du désespoir

(écume de la parole jetée à l’étourdi parmi la flamme

d’un silence

concrétion juste aperçue de mon sein gauche trop vivace

excroissance de la plus sauvage pratique de mes orteils

à ma volonté traînant les bribes du monde

à ma volonté ensablant des halètements de plus en plus

faibles que je dispose très bien en mondes sagement

défunts)

justice au paysage ! c’est lui le crieur encore lui

le chemin se sourit aux couchants

les pierres apprivoisent la mer démontée

les crabes qui sont les soleils des égouts révoltés contre

l’ordre des voiries sont suspendus au haut des palais anciens

mes mains se passent recroquevillées la cognée des présages

La ville ?
Néant de ville.
La ville ?
Néant d’yeux néant de

cauchemars néant de souvenir néant d’indifférence

Aimé Césaire

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