Au dubitatif
Dieu te demande un entretien ?
Qu’il sache attendre.
Explique-lui que tu conclus un compromis
Avec des scarabées qui espèrent te vendre
Quelques objets : leurs grands-parents ; c’est en amis
Qu’ils t’ont cédé parfois des lunes illégales
À bon compte.
Ce
Dieu te laisse indifférent;
Tu lui préfères ce poème, un beau scandale
Du verbe, un doux refrain.
Tu sais qu’il se méprend
Sur toi.
Tu n’oublies pas qu’il était ton collègue
En création.
Pourquoi s’est-il discrédité
Comme un faux-monnayeur ?
Est-ce d’être plus bègue
Que le vautour pris comme un rat ?
Dois-tu lutter
Contre ce concurrent ?
Tu gères ta fabrique
De miracles, mais lui qui travaille à façon.
Que peut-il contre toi ?
Tu tires ce tropique
D’une syllabe ; ces forêts, d’une chanson
Perçue dans ton sommeil.
Dieu n’est que ta fatigue,
Un être subalterne : il faudrait l’ausculter.
Leucémie du remords, sclérose par l’intrigue !
Un seul conseil pour lui : la maison de santé.
Dédain si malaisé !
Lequel de vous invente
L’autre ?
Dieu sans merci, arête de poisson
Au travers de ta gorge…
Est-ce toi qui te plantes
Comme un pal dans sa chair?
Tous deux, à l’unisson,
Vous ne distinguez plus — créateurs, créatures? —
L’esclave du tyran.
Qui vous aura privés,
Lui, de toi ? toi, de vous ?
Devenir son épure, Était-ce un rêve au fond d’un rêve mal rêvé ?
II est en toi ce que tu redoutais : faiblesse
Et clownerie.
Tu es en lui le seul hasard
Qu’il respecte.
Raison de la raison qui blesse,
Tu serais son poème, et lui ton œuvre d’art ?
Tu chasses
Dieu qui est ton ombre illégitime
Et qui a fait le vœu de rester ton oblat.
Tu es immunisé contre toi, tu t’abîmes À te trouver des remplaçants pour l’au-delà.