Célébrités
J’ai pris le train de
Rome.
J’ai dit à
Michel-Ange :
«
Mon vieux, je ne reviendrai plus ;
contente-toi des hordes japonaises. »
J’ai pris le train de
Bruges
et j’ai craché, l’un après l’autre,
sur les
Memling :
«
Je n’admire plus rien ;
ce qui m’était si doux, se transforme en torture. »
J’ai pris le ferry-boat pour
Londres.
Sur la scène podagre, au premier acte
de
Richard
II, je me suis écrié :
«
Suffit,
William !
c’est en moi désormais qu’on joue la tragédie. »
Je suis resté chez moi,
Mozart sur la cassette,
Corelli sur le disque :
«
Allons, vous m’empêchez
d’entendre la musique du silence. »
Puis j’ai brûlé
mes deux
Matisse et les œuvres complètes
de
Gogol, de
Balzac, de
Kafka.