De sang, de poil
L’univers, c’est très bien, mais l’omoplate
me réclame son dû.
Je suis de peau, de chair et je me gratte,
sans âme, individu
parmi d’autres passants.
Quelle pensée
résiste à l’intestin ?
Trop tard ! l’aile de l’ange, elle est passée,
et je n’ai pas atteint
l’absolu.
Le divin me sollicite
et je songe au néant malgré la peur, l’ulcère et la phlébite.
Est-ce en me recréant,
poème après poème, que je dure
le temps d’un peu durer ?
Mon ventre ne veut pas de ma culture,
mon non-être est taré.
Seuls mes genoux ont le sens de l’Histoire,
avec mes deux poumons.
Tout est globule, ô pensée dérisoire
qui perd jusqu’aux démons
de ses propres rancœurs.
Mon épiderme
est mon château privé.
Je suis de sang, de poil, où je m’enferme
sans le droit de rêver.