Départ
Cirez les bottes.
Apportez-moi la selle :
j’ai choisi l’alezan
qui aime s’entraîner parmi les tournesols.
La houppelande est vaste et amicale.
Gardez les fenêtres ouvertes
pour que le vent du sud
apporte ses musiques.
Ne prévenez personne :
seul l’horizon vous est indispensable.
Elisez à ma place un vieux marin
avec, dans l’œil, comme un naufrage.
Je longerai la côte
jusqu’aux premiers récifs.
Dites à mon épouse que je l’aime
comme l’azur sur la montagne.
Ne parlez pas à mes deux fils :
ils savent que je reviendrai
avec, dans mes bagages,
des comètes très souples.
Oubliez, je vous prie, jusqu’à mon nom :
soyez libres de moi,
à la façon des frênes
et des galets devant le phare.
J’ai trop longtemps bousculé l’ordre
Merci : deux outres suffiront.