Fabricant de reves
Toute une vie qui soudain se résume
à quelque manuscrit !
L’espoir et la rancœur, la gloire et l’amertume
que l’on a désappris,
pour un chaos où plus rien ne s’agite
dans le soupçon fumeux : le peuple y est indifférent comme l’élite,
et si quelqu’un s’émeut,
ce ne serait qu’un oiseau de passage
qui grimpe sur les blés : toute une vie absente, et pas même un orage
vers qui l’on puisse aller
pour un peu de fraîcheur ou de musique.
Une vie de travers qui veut se refuser à celui qui l’explique
dans sa gerbe de vers,
à la façon des anciennes romances
où l’on se croyait beau, en un siècle perdu que le poète pense
ressusciter.
Nabot,
voyou, rêveur et fabricant de rêves !
Toute une vie s’éteint, tandis que dans l’azur un platane s’élève
et s’arrache au destin.