Humilite
Je ne vois pas pourquoi j’aurais plus d’importance
que ce demi-citron qui pourrit dans mes doigts.
Je cogite, je pense,
mais c’est le moucheron,
de son aile poudrée, qui conduit la planète,
sans qu’on sache vers quoi.
Je suis brisé ; je m’assimile à quelque assiette,
pour me tenir plus coi.
Je n’aime pas beaucoup mes semblables, les hommes,
leur préférant un clou : la rouille au moins est plus visible.
Un coup de
[gomme,
et me voilà jaloux
du tabouret bancal et de l’armoire vide,
mes meilleurs compagnons ; la gloire et le destin, c’est eux qui en décident
sans se montrer grognons.
Solitaire et penaud, j’envie le téléphone
qui parle à l’au-delà.
Dieu s’est assis sur un savon : qui s’en étonne ?
Tous mes verbes sont plats,
comparés au discours que me tient ma chemise,
envolée dans le vent.
L’objet serein règne sur moi ; il m’analyse
et me sait décevant.
Je crois que ma casquette a des goûts littéraires
et ma feuille d’impôts prend son air poétique. Ô barde, il faut se taire :
écoute les crapauds.