Il suffit de m’aimer
J’ai dans ma poche — à cause de mes vers ? —
un soleil de rechange.
J’ai sur le cœur — tantôt bleu, tantôt vert —
comme un profil d’archange.
J’ai au fond de mes yeux l’autre raison,
qui est déraisonnable et tire de la nuit cent horizons ;
mille joyaux, du sable.
J’ai dans mon livre — amour de l’orthographe —
au lieu de mots décents, un okapi, un peuple de girafes,
animaux caressants.
J’ai sous la main, nourri de fantaisie,
un arbre voyageur : quand il repart, les îles sont saisies
d’une douce langueur.
J’ai devant moi l’univers transformé,
on dirait, en mirage : il suffit de me lire et de m’aimer
sans fin, à chaque page.