Intestin
L’humanité accomplit son destin
qui trop souvent me frappe.
Je vois le monde à travers l’intestin,
en de pauvres agapes.
Je ne réfléchis plus : j’ai soif, je bois ;
le rein est ma cervelle.
Le mot se meurt, quand la chair aux abois,
en pleurant, fait sous elle.
Je me survis; les poils sont trop crépus
et ma gloire sécrète, dans son indignité, un sac de pus.
J’achève ma toilette
comme d’aucuns, le soir, un vieux cheval.
Je ne suis que le ventre où dort, mal digéré, mon idéal ;
il en sort, il y rentre :
tout est physique en moi, désaffecté,
pareil au cœur qui glisse jusqu’au genou.
Ma seule vérité
me vient des orifices.
Je ne veux pas d’étoile, et mon azur,
je le mets sous l’aisselle.
Parlez-moi du printemps : il est impur:
La maladie m’appelle.
L’oiseau, je ne veux plus le tolérer,
ni cet arbre sincère.
Mon corps trop gras peu à peu s’est taré :
il me change en ulcère.