Je suis trois
Entre moi-même et moi, un autre intrus
dans mes poumons s’agite.
J’étais deux ; je suis trois : est-ce aux dieux hypocrites,
en qui je n’ai pas cru,
que je dois ce conflit ?
Désincarné,
je frémis pour mon double, et mon triple me ronge. À qui n’est jamais né
que pour un destin trouble,
le sort est triste et le devoir dément.
Il m’appartient de dire celui des trois que j’aime; en quel accouplement
transformer ce délire,
et rire enfin de mes identités,
qui sans cesse me changent ?
Je deviendrai ceux-là que je ne peux quitter,
monstre, doublure ou ange.