La chaÎne
Je ne peux dire qui commence mes poèmes :
est-ce le vent,
est-ce une sorte de musique,
une mémoire
sans corps ni forme ?
Je sais que je les continue
avec joie, avec peine :
je leur apporte une syllabe,
je leur enlève un verbe trop pesant,
je les voudrais pleins de mystère.
Je suis à leur service,
tant qu’ils me le permettent.
Ils ont le droit, bien sûr,
quand ils sont dans leur gloire,
de murmurer « merci », afin que je m’efface.
Je ne peux dire qui termine mes poèmes :
un autre vent,
une musique,
un souvenir sans forme ni personne,
un poète nouveau que je ne connais pas.