La cigale
Je ne crois pas que mon poème
ait le moindre pouvoir, ni sur vous ni sur moi.
Je le rédige,
un peu pour me surprendre
car dans le choix des mots,
il en est un parfois,
très doux, très clandestin, qui me fait sursauter.
Je ne sais pas à qui je le destine :
est-ce à vous qui passez,
le front dans les nuages ?
Est-ce à moi-même,
le soir où, combattant
Pindifférence,
je le déguste à la façon
d’un vin trop jeune ?
Mon poème est, je crois, une cigale
sous un peu de rosée.