La mise en mots
Toute existence mise en mots se bonifie.
Je suis banal à la façon des cafetières,
tombées sur le tapis,
alors que mille mouches
trempent déjà dans le liquide noir.
L’atmosphère est précise :
un certain sentiment de lassitude
ou de mystère entoure mon image,
et la nature morte
va bientôt s’animer.
Toute vie est survie quand on la donne au verbe.
Je suis quelconque
comme un morceau d’écorce
sous le platane,
dans la poussière du soleil.
La scène est pauvre :
on devine pourtant
une douleur à respirer.
Un cheval cherche à boire,
le fleuve n’étant plus que boue.
On songe à vivre ailleurs.