L’attente
On a repeint les deux étages.
Les clématites vont d’un mur à l’autre.
Une fenêtre donne
tantôt sur la vallée,
tantôt sur l’océan.
En souvenir des chats,
le vieux fauteuil se met à ronronner.
Pourtant, personne encore
n’est revenu.
On a bordé le lit,
qui sent la rose et la caresse.
Il interroge le plafond,
puis se plaint au miroir :
il ne supporte pas la solitude.
Pourtant, personne
ne dit qu’il a sommeil.
On a mis, comme il faut, la table :
poulet froid, vin qui chante,
fruits venus de très loin.
Le cristal est plus pur
que la neige, à l’époque des fontes.
Les invités parleraient de l’espoir.
Pourtant, personne encore ne veut prendre un repas.
On a ouvert les livres sur leurs plus belles pages, avec les mots tout nus et les proverbes vierges.
Le grand héros a salué, plusieurs fois, à la ronde.
L’héroïne a prédit vingt années de bonheur.
Pourtant, personne encore ne veut apprendre à lire.