Le cyprès
pour
Jacques
Chessex
Avec son cimetière en laisse, le cyprès
m’a retenu toute une après-midi
sur la colline : il fallait qu’il accuse
les vivants et les morts, le silence et le bruit.
Ce fut bientôt mon tour :
je me suis plaint des hommes,
des femmes, des objets,
des animaux que l’on bat sans raison,
des circonstances
où j’ai vécu ou, plutôt, j’ai cru vivre.
A la première étoile,
je lui ai dit : «
Ce dialogue est attristant ;
rentrons chez nous, chacun de son côté :
toi sous l’écorce,
et moi sous le poème. »