Le pacte avec l’abstrait
À présent, laissez-moi : je négocie
un pacte avec l’abstrait.
Mon existence, l’ai-je réussie ?
Je veux prendre le frais
à l’ombre du néant, et je discute
avec un chiffre noir de ma métamorphose après la lutte
car je n’ai qu’un devoir :
quitter ce corps pour une antimatière
où le plomb n’est pas plomb, ni la peau une peau.
Je suis stagiaire
dans l’absolu très blond,
très roux, très glabre.
Et la loi que j’accepte
est celle du refus.
Me voici verbe, sans syllabe, inepte,
heureux d’être diffus
comme un soleil qui jamais n’illumine
une absence de lac.
Je nie mes os, l’azur et la colline ;
je ne suis que le vrac
d’un poids sans poids, d’une forme sans forme
Un symbole vient-il à mon secours ?
Que le réel s’endorme !
J’abandonne un profil
pour un besoin de songe, et je m’adresse
en fantôme insoumis à l’ombre, à l’inconnu, aux vingt déesses
dont je serai l’ami.