L’écrit sans l’écrivain
Ai-je le droit de m’accepter ?
Un seul caillou me justifie.
Un vent me dit que je mérite un jour d’été.
Une photographie
me chuchote : «
Voici trente ans vous étiez beau : un roi de glace. »
Je m’entoure d’objets pour être plus tentant à mes yeux.
Je me passe,
lorsque je prends quelque tison, un bout d’écorce, une quenouille, de probité, d’espoir et même de raison.
Enfin je me dépouille
de mes scrupules qui sont lourds.
Pour ma conscience insatisfaite, déchiré, déchirant, je remplace l’amour par les amours de tête.
Je suis ce que j’aurais pensé, avec une plus grande audace : l’écrit sans l’écrivain.
Il est trop nuancé, ce poète fugace !