Les confrères
Salut
Villon,
avec ta gueule d’assassin
que tu nous as cachée.
Salut
Ronsard,
et ta barbiche où se disputent
les charançons.
Salut
Racine, et ta perruque
qui sent la soubrette du
Roy.
Salut
Victor
Hugo,
qui à toutes volées sonnes les cloches
de
Notre-Dame.
Salut
Alphonse,
qui pleures
le bien d’aimer avec le mal d’amour.
Salut
Stéphane,
frileux caniche entre tes éventails nippons.
Salut
Rimbaud,
voyou qui es parti
vendre des nègres chez les
Abyssins.
Salut
Péguy,
mon lieutenant plus raide qu’un épi de blé.
Salut
Claudel, vieux bœuf,
tout juste bon à labourer l’azur
avant les vêpres.
Salut
Paul
Valéry,
avec tes graffiti obscènes
sur nos façades
en marbre blanc.
Salut
Apollinaire,
métèque trépané dans l’abattoir
de notre
République.
Salut
Perse des
Iles,
bourreau de la raison.
Salut camarade
Aragon,
donneur de bleus, donneur de gifles.
Salut poètes,
qui avez tout écrit pour m’empêcher
Salut les saligauds.