Les précautions
J’évite le printemps : je suis l’automne.
J’évite la philosophie :
les vérités se fanent, fausses fleurs.
J’évite
la femme qui me dit : «
Venez en moi. »
J’évite la rivière :
trop de miroirs qui me font mal.
J’évite la raison
qui répète sans cesse : «
Il faut, il ne faut plus. »
J’évite le poème
comme un vinaigre sur mes cicatrices.
J’évite l’écriture :
mes mots sont des canards sauvages.
J’évite
la plainte et le soupir :
le monde est beau dans ses charognes,
le monde est pur de ne pas s’accepter.
J’évite
mon âme : elle est fragile ;
mon corps : je l’aimerais de marbre.