L’escroc
Une désinvolture,
comme pour dire : «
Excusez-moi,
si mon cadavre vous dérange ;
j’aurais dû, je suppose,
mourir ailleurs. »
Une légèreté,
comme si, très déçu d’être homme,
on aurait fait l’effort
de devenir oiseau :
par exemple palombe ou cormoran.
Un tour de valse,
tout seul, devant quelque miroir,
comme pour suggérer
que l’on danse toujours au rythme à
de son squelette.
Un poème incongru,
parce qu’un mot sert à jongler,
parce qu’un verbe
sert à mentir,
parce qu’une syllabe
combat la vérité,
parce que le poète est un escroc,
même s’il saigne à blanc.