L’oubli
J’oublie ma peau.
J’oublie mon corps.
J’oublie mon squelette qui penche.
J’oublie le siècle et le décor,
la journée grise et les nuits blanches.
J’oublie le droit et le devoir,
l’individu, la république.
J’oublie la rue et le faubourg,
les guet-apens de la musique.
J’oublie le pain.
J’oublie l’amour.
J’oublie ma sœur, la femme heureuse,
et le chemin dans la forêt.
J’oublie que mon orgueil me creuse
et que ma soif est en arrêt
devant une fontaine folle.
J’oublie ma triste vérité,
qui obéit à ma parole.
J’oublie que je n’ai pas été
à la hauteur de mes dilemmes.
Je ne retiens, au fond des yeux
et du néant, que ce poème,
cet absolu, ce cri vers
Dieu.