On doit dire : putain
Voyant, voyou, voyeur : moi, je m’assume
— on n’est pas délicat —
de mon vivant ou à titre posthume
— on étudie le cas.
Je chante l’existence et ses merdouilles
— on n’y voit que du feu.
Pour un mot de travers, moi je me mouille
— on se demande un peu !
Je suis idéaliste ou bien vulgaire
— on voudrait bien savoir ; pour un amour j’ai remué la terre
— on caresse l’espoir.
Et pour un autre amour, je veux me pendre
— on a son air moisi —
mais à quoi bon ! la salope est si tendre
— on se mord le zizi.
Ma liberté, moi je la veux gourmande
— on commence à zéro.
J’ai la frousse pourtant : je me demande
— on joue son numéro —
où je vais aboutir : est-ce à la cloche
— on lui passe dix sous ?
Je suis poète avant d’être bidoche
— on le foutra au trou.
En attendant, je bouffe quelques rêves
— on croirait un prolo.
Dans ma chanson, les colibris ça crève
— on en a, du culot !
et l’orchidée, ça devient dégueulasse
— on en a le cœur gros.
Si je le veux, parfois je me surpasse
— on en fait toujours trop.
Je vends l’azur, la rosée je l’achète
— on y perd son latin.
Je suis comme je suis : un vrai poète
— on doit dire : putain.